“Si j’avais une baguette magique, je pense que je mettrais beaucoup plus d’accompagnement pour les jeunes”


Suite de notre série d’interviews sur la manière dont est vécue la campagne électorale en vue des élections présidentielles. Aujourd’hui le regard de Naomi, 20 ans, ayant grandi à Chartres, étudiante en 2e année à l’IUT de Rambouillet où elle habite dans une résidence d’étudiante, et où elle travaille dans une grande surface.

 

Tes parents ont-ils le droit de vote ?

Oui, mes parents ont tous les deux le droit de vote. Mon père est venu du Burkina Faso faire ses études en France avec un titre de séjour, quand il avait 16 ans. Après ses études, il est reparti au bled où il s’est marié avec ma mère. Il est revenu en France en 2001, et il a demandé la nationalité française. Pendant que sa demande était en cours, il m’a fait venir avec ma mère, quand j’avais 2 mois. Après mon père, ma mère a obtenu rapidement la nationalité française, et moi je l’ai obtenue automatiquement du fait que mes parents l’avaient.

Penses-tu qu’il faudrait accorder le droit de vote aux élections présidentielles aux étrangers ?

Pour moi l’important c’est que tout citoyen, français ou pas français, vivant sur le territoire français, ait le droit de vote. Donc pour moi, même si tu es étranger, si tu vis en France tu es citoyen français. Donc, ça serait important qu’ils aient le droit de vote.

Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu mettrais en place pour les jeunes ? 

Si j’avais une baguette magique, je pense que je mettrais beaucoup plus d’accompagnement pour les jeunes. Plus d’associations ou d’enseignes qui sont là pour aider les jeunes dans leurs démarches scolaires, et aussi les démarches de la vraie vie, genre du soutien psychologique et tout…

"Moi je suis pour l’égalité."

Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu mettrais en place pour l’ensemble des personnes habitant en France ? 

Pour l’ensemble des habitants de la France, ça serait plutôt l’équité pour tous, genre que tout le monde soit égal en France. Moi je suis pour l’égalité. Il faudrait aussi mettre en place des choses pour lutter contre la pauvreté. Même s’il y a la CAF et tout, c’est pas assez.

Est-ce que vous parlez parfois de ce que vous aimeriez améliorer en France avec des amis ? 

Avec mes amis, on ne parle pas forcément des choses à améliorer en France, mais surtout des choses qui nous concernent en tant que jeunes et surtout jeunes étudiants. Par exemple les problèmes de logement, les aides, les démarches pour l’orientation…

C’est quoi la politique pour toi ?

La politique pour moi, c’est tout simplement, savoir diriger un pays par rapport à des lois, par rapport à l’environnement et par rapport à un peuple.

Tu as quelle image de la politique ?

Moi j’ai une image pas négative, mais mitigée, de la politique. Je trouve qu’il y a beaucoup de choses à améliorer parce que je pense qu’il y a de la corruption, même si on est en France. Après le problème, c’est que la politique, ce sont des êtres humains. Et personne n’est parfait. Ça fait qu’on ne trouvera jamais quelqu’un de parfait, et qui en plus nous correspond à 100%.

"Je ne regarde pas de débat politique. Ça ne me plait pas. Si je veux me cultiver, je préfère regarder des documentaires."

Comment tu t’informes sur ce qui se passe ? 

Je m’informe via Snap. Sur Snap dans le fil d’actualité on peut voir des informations. Je suis abonnée à des comptes qui parlent d’actualité comme Brut. Et comme je suis trop curieuse, quand il y a un sujet qui m’intéresse, je fais mes recherches toute seule sur internet. Sinon je regarde la télé avec le journal de 20h, c’est le seul journal que je regarde. Pour moi c’est un peu comme le récapitulatif de la journée. En plus, je ne suis jamais chez moi à midi.

Tu regardes quelles émissions de débats politiques à la télé ? 

Je ne regarde pas de débat politique. Ça ne me plait pas. Si je veux me cultiver, je préfère regarder des documentaires. Je me rappelle, à l’ancienne, je regardais Thalassa avec mon père. Ça parle des choses qui ont des rapports avec la mer. Ou des documentaires sur les animaux sur Arte, le dimanche …

Les élections présidentielles, tu sais c’est quand ?

Je pense que les élections c’est en avril, si je ne me trompe pas.

Tu sais pour qui tu vas voter ? 

Oui mais personne ne m’a vraiment convaincu. Et je ne serai même pas là. Je serai au Canada pour faire un stage de deux mois, dans un musée, pour pouvoir valider mon diplôme. C’est un pays où j’ai vraiment toujours voulu aller depuis toute petite. Et je sais que ça va apporter un plus dans mon CV. Je voulais vraiment un truc qui me démarque des autres. C’est l’IUT qui m’a trouvé un stage, grâce à leurs partenariats avec certaines entreprises.

Qu’est-ce que t’attends de ce voyage et de ton stage ? 

Déjà ça ne me fait pas peur parce que j’aime trop voyager, et en plus je vis seule. Je vais découvrir d’autres choses, d’autres personnes. Je peux me faire un réseau parce que c’est important. Et je me dis que si je travaille bien dans mon stage, je pourrais peut-être avoir des opportunités professionnelles, et y faire mon alternance. Je suis un peu triste parce que je sais que si je m’attache là-bas, je suis capable de rester.

"La France, c’est plus comme avant, ça me déprime, à cause de toutes les inégalités sociales, les discriminations…"

La France ne va pas te manquer ? 

Pas du tout surtout avec tout ce qui se passe actuellement. La France, c’est plus comme avant, ça me déprime, à cause de toutes les inégalités sociales, les discriminations… Ma plus grande peur, c’est de devoir quitter mon travail et de revenir sans pouvoir en trouver un nouveau. Pour là-bas, j’ai déjà économisé et ma bourse sera versée jusqu’en juin, jusqu’à la fin du stage. Au Canada, je vais payer un loyer dans ma famille d’accueil. Ici, je vais payer mon appart étudiant. Ça va être compliqué mais je pense que je vais gérer.

Qu’est-ce que tu penses des femmes et des hommes politiques quand tu les vois à la télévision ?

Je trouve que certains ne respectent pas leur parole. Genre, ils vont dire quelque chose mais ils ne vont jamais l’appliquer. Ou ils le font simplement pour avoir des votes. Je trouve que le milieu de la politique, c’est vraiment un milieu très vicieux.

Quels sont les hommes et les femmes politiques que tu préfères ?

J’ai pas de préférence parce que pour moi, ça n’existe pas un homme politique parfait. Mais je sais qu’au Burkina Faso, le président Thomas Sankara a fait beaucoup de bonnes choses. C’était un révolutionnaire. Je sais qu’à l’époque de Sankara, il n’y avait pas de désordre dans le pays, tout était en règle et c’était vraiment un homme respecté.

Est-ce que tu t’imagines un jour te présenter à des élections ? 

Non, je ne me présenterais pas en tant que présidente (rire). C’est pas parce que j’ai pas confiance en moi, mais je pense que c’est une grande responsabilité. Ce n’est pas un jeu d’avoir une nation entre ses mains.

 

Propos recueillis par Kandia Dramé


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