Toute l’année, Pascal Morin et son équipe de bénévoles assurent la solidarité aux Restos du Cœur de La Verrière.


 

Pascal Morin, est responsable bénévole de l’antenne des Restos du Cœur à La Verrière. Toute l’année, lui et son équipe de bénévoles se dévouent aux actions humanitaires d’accompagnement aux personnes les plus fragiles. Portrait.

 

« J’ai toujours eu dans ma vie personnelle et professionnelle le souci de prendre en charge le malheur des autres », confie Pascal MORIN, 68 ans, responsable du centre de distribution des Restos du Cœur du site de La Verrière depuis trois ans, quand il essaie d’expliquer la raison pour laquelle il a pris en charge cette mission. « Cela s’est fait tout seul ! », explique ce bénévole qui agit depuis six ans, dès son départ à la retraite. « L’ancien responsable partait, et il m’a proposé d’être son adjoint. Et ensuite, le prochain responsable. »

Mais pour Pascal, il n’y a rien là d’exceptionnel. « Il y a eu toujours de la solidarité en France, qui avait émergé, avec l’abbé Pierre et Emmaüs depuis 1954, et avec d’autres, analyse-t-il. Coluche est arrivé bien plus tard », en 1985, à une époque de fort chômage durable et de fortes misères.

Responsable d’un centre de distribution, concrètement, pour Pascal Morin, c’est être chargé de la gestion d’approvisionnement du centre, des déplacements, de la réception des dons et de l’acheminement des denrées alimentaires. Mais aussi, « de rendre des comptes sur les dépenses, car on bénéficie de certaines subventions de l’État et des dons de personnes. Et tous ont un droit de regard sur les fonds donnés », explique-t-il.

 

"On aimerait faire plus, mais on fait comme on peut, pour pouvoir aider tout le monde de façon juste et équitable."

 

Le tout, évidemment, afin de pouvoir recevoir au mieux les gens qui sont dans le besoin alimentaire, « ou même dans des démarches administratives, ou en recherche d’emploi. » Pour ce faire, explique Pascal, il s’appuie sur une équipe de bénévoles. « Ensemble, on examine le cas de tous les bénéficiaires qui se présentent, pour savoir si on peut les prendre en charge ou pas, selon notre barème. » La difficulté consiste alors à effectuer ce tri de la manière la plus juste possible, alors qu’aucun de ces demandeurs ne se trouve dans une situation satisfaisante.

« On reçoit tout un tas de gens qui ont des problèmes, mais qu’on ne peut pas tous aider », déplore Pascal Morin. « On aimerait faire plus, mais on fait comme on peut, pour pouvoir aider tout le monde de façon juste et équitable. » Ce qui rend la tâche particulièrement difficile pour tous ces bénévoles parce que, « pour être bénévole et pour pouvoir rester rationnel, explique le responsable de l’antenne de La Verrière, il ne faut pas trop d’empathie. Car sinon nous-même, on ne se sentirait pas bien pour faire notre travail de manière efficace. »

Fort heureusement, Pascal constate que, aujourd’hui, il y a de plus en plus de bénévoles, souvent des retraités comme lui qui veulent donner de leur temps pour aider. Au point, explique-t-il, qu’« il m’est arrivé, de refuser des bénévoles, de dire : "Je n’ai pas de places pour vous accueillir" ».

L’autre contrainte des bénévoles, c’est de faire attention aux produits donnés, qu’ils ne soient pas périmés et qu’ils soient adaptés à la santé des bénéficiaires « On a eu des gens qui ont des allergies. Il faut alors faire attention à ce que leur donne, raconte Pascal Morin. Ça aussi, c’est un souci d’organisation ».

 

"Ceux que nous voyons arriver sur le site de La Verrière sont des gens déracinés, loin de chez eux, demandeurs d’asile, réfugiés"

 

La solidarité dont il fait preuve au sein des Restos du Cœur, Pascal Morin l’a connue tôt dans sa vie. Après être arrivé en région parisienne en 1968 pour obtenir son diplôme en ingénierie optique à l’Université d’Orsay, ce Breton d’origine part deux ans pour Ouagadougou au Burkina Faso. A la suite de sa femme, enseignante ayant obtenu un poste à l’Université de Ouagadougou, il part dans le cadre de son service militaire, en tant que coopérant. « Là-bas, pendant mes deux ans, j’étais professeur de physique chimie dans le secondaire, au vu de mes compétences. Nous en avons profité pour visiter quelques pays avoisinants », se remémore Pascal, plein sourire.

De retour en France, il travaille un an dans une entreprise fabriquant des optiques, « ensuite, j’ai intégré le CEA », le Commissariat à l'énergie atomique, explique Pascal.

Depuis la fin de sa carrière professionnelle et le début de son action aux Restos du Cœur de la Verrière, Pascal remarque que les gens sont de plus en plus en difficulté et de plus en plus nombreux à venir demander de l’aide alimentaire, du fait de la cherté des produits de première nécessité. Des bénéficiaires dont le profit est particulièrement fragile à La Verrière.

« Cela dépend des centres de distribution, mais ceux que nous voyons arriver sur le site de La Verrière sont des gens déracinés, loin de chez eux, demandeurs d’asile, réfugiés. Cette population augmente sans arrêt », explique-t-il.

Pour Pascal, cela s’explique parce que la solidarité familiale, ou de proximité a aussi été impactée par la cherté de la vie. « Avant, la famille et les voisins s’entraidaient plus facilement. Aujourd’hui, le cercle d’entraide se restreint, alors qu’il est difficile pour tout le monde de s’en sortir seul ».

 

Dissane KAFECHINA.


Articles similaires