Natacha a interviewé sa maman, 51 ans, mère de 2 filles, sur la manière dont elle vit son confinement à Elancourt, où elle habite depuis une vingtaine d’années.
Quel impact a eu le confinement sur ton travail ?
Le travail que j’exerce ça me permet d’être en télétravail toute la semaine, hormis le lundi où je me rends au bureau, pour des tâches administratives. Je suis chargée RH dans une société de restauration collective, en reconversion au sein de l’entreprise après avoir été responsable qualité depuis 10 ans. Au niveau salaire, il y a un impact au niveau des primes qui étaient liées à mon statut de cadre lorsque j’ai occupé le poste de responsable qualité, qui ne me sont plus octroyées. Mais bon j’ai une meilleure qualité de vie et ça compense largement ce manque à gagner.
En ce qui concerne ma société, elle a mis en place un plan de sauvegarde de l’emploi parce que l’un de ses principaux secteurs d’activités est la restauration collective, qui a été très impacté avec une grosse baisse du chiffre d’affaires Il y avait déjà quelques difficultés auparavant dans la société, mais elles ont été fortement augmentées par cette crise de la COVID. C’est aussi un petit peu l’inconnu, l’insécurité, par rapport à la garde de son emploi. C’est un des impacts de la COVID qu’il faut subir.
Comment t’es-tu organisée chez toi en matière de télétravail ?
Le poste que j’occupe me permet d’être en télétravail, ce qui est une chance. Je suis par ailleurs dans une entreprise qui prône le télétravail. Mon mari, qui est médecin, est en télétravail aussi. Il y a également ma fille qui est étudiante à l’IUT de Rambouillet et qui suit tous ses cours en téléconférence. De ce fait, à la maison au niveau d’internet, parfois ça coince, parce qu’on est plusieurs dans la famille à avoir besoin du réseau internet en même temps. Mais on fait avec, donc on est peut-être un peu moins productif mais on fait comme on peut. Les collègues sont compréhensives.
Pendant cette seconde phase de confinement, j’ai la chance de pouvoir travailler tous les jours et de ne pas être impactée par le chômage partiel.
Quel impact le confinement a eu sur ta situation financière ?
Lors du premier confinement on a dû subir des journées de chômage partiel, qui ont eu un impact sur notre salaire, puisqu’on ne percevait ces jours-là que 84 % du salaire brut. Pendant cette seconde phase de confinement, j’ai la chance de pouvoir travailler tous les jours et de ne pas être impactée par le chômage partiel. Cela dit, on ne va pas se plaindre puisque on est vraiment l’un des pays au monde les mieux lotis, puisque on a un système de prise en charge qui est exceptionnel, et qui nous permet quand même d’avoir un revenu correct pendant ces journées de chômage partiel.
Comment est-ce que le confinement a changé la vie de famille ?
Ça a changé pas mal de choses, puisqu’on a moins de réunions familiales. On se voit plus. Heureusement qu’on peut s’envoyer des messages ou communiquer par téléphone. Mais voilà la famille se réduit vraiment à la sphère essentielle, les parents et les enfants. C’est vrai que pour nos plus âgés c’est très difficile. Ils se sentent très isolés et puis parfois angoissés. C’est le cas de ma maman qui vit seule. C’est très difficile pour elle de ne plus pouvoir voir ses enfants et d’être seule.
Comment envisages-tu les fêtes de fin d’année, notamment avec ta maman ? Allez-vous vous permettre de vous rassembler ou plutôt faire ça en petit comité ?
On a la chance d’être une grande famille, puisque nous sommes cinq enfants de mon côté. On a l’habitude de se rassembler et ça fait vite des grandes tablées de 25 à 30 personnes. Là avec la crise de la COVID, les fêtes vont être différentes puisque pour enrayer l’épidémie, il faut être raisonnable et puis éviter d’être trop nombreux à se réunir. A moins que chacun fasse le test de la COVID juste avant les fêtes, mais bon c’est un petit peu compliqué aussi à organiser. Donc je pense que, même si ce n’est pas encore bien calé, les fêtes cette année, ça sera un petit comité. Ca sera plus raisonnable. On fera mieux l’année prochaine, j’espère qu’alors tout ça sera derrière nous.
Dans quelle mesure le confinement a impacté ta vie sociale et tes relations avec ton cercle d’amis.e.s ?
Oui c’est un petit peu plus compliqué tout ça. Grosso modo, depuis le début de la crise du COVID tous les moments de convivialité sont mis en stand-by, hormis pour la période entre les deux confinements où j’ai pu un petit peu voir quelques ami.e.s. On avait l’habitude d’aller prendre de temps en temps un pot, le soir entre les collègues. Tout ça c’est fini. Au niveau social c’est un peu le désert. Du coup moralement c’est dur.
Je ne voudrais pas avoir leur âge, aujourd’hui. C’est très difficile pour elles de vivre leur jeunesse dans cette période de la COVID.
Quel impact a eu le confinement sur ta vie psychologique ?
Au niveau psychologique, c’est vrai qu’il y a des hauts et des bas. Au niveau personnel déjà le premier confinement s’était mieux passé que le second. Il est très difficile le second confinement, par rapport aussi je pense à la saison, en automne avec des journées courtes, moins de lumières, alors qu’on sait qu’on est très impactés par la lumière.
J’ai deux grandes filles de 26 et 19 ans. Ma grande fille de 26 ans a un studio à elle. Comme elle est opticienne et que sa profession a été estimée essentielle, elle a continué de travailler dans son magasin. Mais pour elles c’est pareil, elles ont des hauts et des bas. Elles prennent ça comme une privation de liberté. Si elles ont des petits copains, c’est difficile d’aller les voir. C’est dur pour elle. Parfois il faut que je les recadre pour leur rappeler que c’est pour tout le monde pareil. Il y a des moments où on se dit que cette crise est mondiale. Tout le monde la subit, donc il faut tenir le coup, ça va passer et il y a des périodes où c’est un peu plus triste et angoissant. Je ne voudrais pas avoir leur âge, aujourd’hui. C’est très difficile pour elles de vivre leur jeunesse dans cette période de la COVID. C’est dur pour nos jeunes.
Comment est-ce que le confinement a changé ta manière de voir la vie ?
Je pense que la crise de la COVID à avoir avec l’aspect environnemental, avec tous les déchets, la pollution que le monde génère. Donc voilà, ça nous pousse déjà à faire encore plus attention à tout ce qui est environnement durable. Peut-être qu’on pourrait aspirer à une vie simple et plus saine mais sans virus. J’espère qu’avec l’espoir des vaccins qui sont en étude et qui vont bientôt sortir, on va retrouver notre vie d’avant. Même si je pense qu’elle ne sera jamais plus comme avant.
Justement en parlant du vaccin, est-ce que tu es prête à te faire faire vacciner ?
C’est vrai qu’on a toujours une petite appréhension parce qu’aujourd’hui on manque de recul et que certains vaccins ont pu créer des pathologies très graves. Mais je pense que les personnes à risque doivent se faire absolument vacciner, parce qu’ils risquent beaucoup plus avec la COVID qu’avec un vaccin pour lequel nous n’avons pas assez de recul. Après pour les autres, il faut voir si on arrive à atteindre l’immunité collective ou pas, si 70 % de la population française est immunisée. Sinon oui, peut être que je me ferai le vaccin. Mais il faut bien réfléchir. Concernant les enfants, il faut voir dans un second temps. Ils ne sont pas forcément à risque donc peut-être attendre un petit peu. À voir.
Propos recueillis par Natacha Nedjam